La rénovation énergétique des logements en France est dans toutes les bouches depuis 18 mois. Alignée avec les objectifs gouvernementaux de transition énergétique, elle devait passer à la vitesse supérieure en 2023 avec d’abord l’interdiction de location des « passoires énergétiques » depuis le 1er janvier et l’entrée en vigueur de l’audit énergétique il y a 6 mois. Alors qu’un rapport parlementaire vient de sortir suite à une mission d’information, c’est l’occasion de faire un point sur ce sujet qui promettait de révolutionner notre secteur, et de remettre les choses en perspective.
Différentes évolutions réglementaires intervenues en 2023 ont mis en lumière l'importance de la rénovation énergétique dans le secteur immobilier et ont contribué à sensibiliser davantage les propriétaires, les locataires et les professionnels de l'immobilier sur les enjeux énergétiques et environnementaux associés à la performance énergétique des logements.
Tout d’abord, la mesure centrale de 2023 a été l'interdiction de la mise en location des logements classés comme « passoires énergétiques ». Ces logements, caractérisés par une très faible performance énergétique, étaient principalement des bâtiments anciens, mal isolés, et aux systèmes de chauffage défectueux ou obsolètes. Le but de cette interdiction était de stimuler la rénovation énergétique de ces logements, afin de réduire significativement leur consommation d'énergie et d'améliorer le confort thermique pour les locataires.
Par ailleurs, l'introduction des audits énergétiques obligatoires a marqué un tournant dans la politique énergétique française. Ces audits, désormais requis pour certains types de bâtiments, permettent de dresser un diagnostic précis de la performance énergétique du logement. Ils identifient les travaux nécessaires pour améliorer cette performance, offrant ainsi un plan d'action clair aux propriétaires pour engager des rénovations énergétiques (voir notre article du 28/02/2023 et notre vidéo dédiée avec notre partenaire Activ’ Expertise).
En outre, les obligations de travaux de rénovation énergétique ont été renforcées pour certains bâtiments lorsqu'ils subissent des rénovations majeures. Cette mesure visait à encourager les propriétaires à intégrer des travaux d'amélioration de la performance énergétique dans le cadre de rénovations plus globales, permettant ainsi d'optimiser l'efficacité énergétique des logements sur le long terme.
En ce qui concerne les dispositifs d’aide, le principal qui est MaPrimeRénov' a été significativement remanié :
Par ailleurs, d’autres dispositifs viennent compléter MaPrimeRénov' :
Au vu des moyens mis en œuvre par l’Etat, on pourrait s’attendre à un large engouement des Français pour la rénovation énergétique, et pourtant…
Tout d’abord, le sujet ne date pas d’hier, ni même d’avant-hier, puisque loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) en 2015 fixait un objectif ambitieux de rénovation de 500. 000 logements par an dès 2017.
Cependant, il ressort du rapport publié le 4 octobre dernier que les dispositifs d’aide actuels s’avèrent très faiblement utilisés et donc totalement inefficaces : « en 2022, MaPrimeRenov a contribué à la réalisation de 65.939 rénovations globales ».
La rénovation énergétique d’un bâtiment est dite « performante » lorsqu’elle prend en compte « l’isolation des murs, l’isolation des planchers bas, l’isolation de la toiture, le remplacement des menuiseries extérieures, la ventilation, la production de chauffage et d’eau chaude sanitaire ainsi que les interfaces associées » et qu’elle permet d’atteindre une classe A ou B dans le diagnostic de performance énergétique. Or seules 10% des rénovations entreprises en 2022 grâce au dispositif MaPrimeRenov satisfont à ces critères.
C’est bien peu et une accélération est d’autant plus urgente que les données sur le parc de logements par classe de performance énergétique au 1er janvier 2022 publiées par l’Agence de la transition écologique (Ademe) indiquent que le nombre de passoires énergétiques est estimé à près de 7,2 millions de logements. Cela représente 19,5 % du parc résidentiel en France.
Par conséquent, le rapport conclut qu’il faudrait porter l’objectif de rénovations à 900 000 par an en 2030 pour que la France atteigne ses objectifs.
De plus, au-delà d’une inadéquation des moyens proposés, il semble également y avoir d’autres freins à la massification de la rénovation énergétique : le trop faible taux d’entreprises qui en sont spécialisées, et le manque de main d’œuvre qualifiée. Cela représenterait même entre 170.000 et 250.000 emplois supplémentaires à horizon 2030.
Bref, il faudrait augmenter les moyens financiers et humains !
A noter que le Service des données et études statistiques (SDES) réalise actuellement une enquête statistique sur la rénovation énergétique dans les maisons individuelles et les appartements (copropriétés et immeubles du parc social) qui s’achèvera en décembre. Elle devrait permettre de faire un état des lieux plus précis de la situation et entraîner un ajustement des moyens à mettre en œuvre.
Alors que certains pays comme le Royaume-Uni et l’Allemagne ont choisi de faire marche arrière et ont apporté récemment des modifications substantielles à leur politique en matière de rénovation et de transition énergétique, en réponse à des défis et des réalités changeantes, la France semble vouloir maintenir le cap (voir notre chiffre de la semaine). Pas de modification du calendrier en vue, pas d’abaissement des objectifs…
Les mesures incitatives, et la détermination du gouvernement à aller de l’avant démontrent une volonté affirmée de progresser vers des logements plus éco-responsables. Et les résultats décevants jusqu’à maintenant ne vont faire que renforcer l’attention portée à la performance énergétique de nos habitations. Vous, mandataires immobiliers, avez tout intérêt à vous aligner sur ces évolutions pour contribuer à la transition énergétique et en tirer bénéfice dans votre activité.
L'amélioration de la performance énergétique des bâtiments augmente leur valeur et leur attractivité sur le marché. Les acquéreurs sont désormais très vigilants sur le DPE du bien qu’ils achètent, et la demande de logements rénovés énergétiquement est en hausse. Vous pouvez donc jouer un rôle crucial dans la facilitation des transactions en mettant en avant les caractéristiques énergétiques des logements et en présentant les atouts associés, au-delà de l’impact sur la consommation d’énergie, comme l’attractivité en cas de mise en location ou l’absence de nouvelles obligations de travaux à moyen terme.
Vous pouvez capitaliser sur cette dynamique en élargissant votre champ d’expertise, en proposant de nouvelles gammes de services comme l’audit énergétique, en guidant les propriétaires ou les acquéreurs dans les démarches de rénovation, et en valorisant la performance énergétique des biens que vous présentez. Que des éléments qui vous permettront de vous différencier et de mieux convaincre vos mandants et vos clients-acquéreurs.
Alors, restez informé des évolutions réglementaires et des dispositifs d'aide disponibles pour conseiller au mieux vos clients et fluidifier au mieux vos transactions.