Ce 1er juillet 2023, la Banque de France a relevé une nouvelle fois les taux d'usure. Il s'agit de la sixième hausse consécutive depuis le mois de février. Suite à ce nouveau calcul, le taux d'usure atteint 5,09% pour les prêts contractés sur 20 ans, soit une hausse de 0,41 point en un mois. Cela va donc permettre de débloquer des dossiers de demande de crédit même si l’addition va s’avérer plus salée pour vos clients acquéreurs… Mais quand donc cette machine infernale de l’augmentation des taux va s’arrêter ? La Maison des Mandataires a sorti la boule de cristal de Vincent (il ne nous la prête pas souvent) et a analysé pour vous 3 scénarios de taux d’intérêt pour 2024. En plus on vous donne notre pronostic 😉
Tout d’abord, il faut bien comprendre quels sont les facteurs qui influent sur les taux d’intérêt : ceux-ci dépendent directement du taux « directeur » de la BCE (Banque Centrale Européenne). Et la BCE utilise la politique monétaire (dont le principal instrument est la modification de son taux directeur) pour contenir l’inflation : quand les prix s’emballent, il faut augmenter le coût de l’argent et donc augmenter le taux d’intérêt. C’est ce qu’il se passe depuis 18 mois.
C’est évidemment le scénario catastrophe. Pour en arriver là, il faut une conjonction de facteurs qui ressemble à notre pire cauchemar : un enlisement de la guerre en Ukraine qui continue à peser sur la chaîne d’approvisionnement en matières premières (énergies fossiles, blé, etc.) et qui, par conséquent, continue à alimenter l’inflation dans nos économies occidentales. Autre évènement possible qui pourrait faire craindre le pire serait le déclenchement d’un nouveau conflit majeur ailleurs dans le monde ou l’émergence de nouvelles tensions géopolitiques entre grandes puissances (entre les Etats-Unis et la Chine par exemple).
Dans cette situation, face à l’incertitude géopolitique et aux risques d’augmentation continue de l’inflation, la BCE persévèrera dans la voie qu’elle a tracée depuis 18 mois et continuera à augmenter ses taux directeurs.
Les conséquences pour notre industrie seront alors sans appel : un pouvoir d’achat immobilier qui baisse inexorablement pour tous et toujours plus d’acquéreurs exclus du marché… et si les prix ne baissent pas parce que les vendeurs s’accrochent à leurs biens ou à leurs crédits négociés durant les belles années, le marché se retrouvera réellement grippé, sans acheteurs, ni vendeurs.
Probabilité selon LMDM : 20%
Ce scénario intermédiaire repose sur l’hypothèse d’un reflux de l’inflation, résultant soit d’une stabilisation ou de l’amélioration de la situation géopolitique mondiale, soit d’un ralentissement de l’économie qui pousserait la BCE à ne plus augmenter ses taux directeurs. En effet, la hausse continue des taux a un effet pervers sur la croissance économique : elle freine le développement des entreprises qui ont besoin de financement externes pour investir (dans leur outil de production, dans la R&D, etc.), et elle est un obstacle à la consommation des ménages qui ont besoin de crédit pour certains achats conséquents (logement, voiture, etc.).
Par conséquent, dans l’exercice d’équilibriste auquel se livre la BCE entre inflation et croissance, si la politique monétaire anti-inflationniste a des conséquences trop graves sur les principales économies de la zone Euro (dont la France), elle devra changer de refrain. De plus, la BCE pourrait également être sous pression des autres victimes collatérales de la hausse continue des taux depuis 18 mois : les Etats, pour lesquels le coût de la dette a explosé et qui sont dans la situation d’emprunter toujours plus et toujours plus cher, ainsi que les investisseurs institutionnels de l’immobilier (les fonds d’investissement, les banques, les compagnies d’assurances, etc.) qui s’endettent à taux variables et qui ont des échéances de refinancement à moyen terme qui pourraient être intenables.
Par conséquent, si les taux d’intérêt arrêtent d’augmenter, la situation sur le marché immobilier en France pourrait se stabiliser, et ce serait l’avènement d’un nouveau « normal ». En effet, en l’absence de nouveaux chocs extérieurs, les vendeurs pourraient redevenir vendeurs et accepter une légère correction des prix, certains ménages trouveraient alors le moyen de se resolvabiliser et la fluidité du marché serait assurée.
Probabilité selon LMDM : 35%
Ce scénario optimiste (mais pas irréaliste) est le fruit de plusieurs hypothèses convergentes :
Avec une inflation modérée et « sous contrôle » (qui passerait sous la barre des 4% par exemple), la BCE va vouloir favoriser le développement économique. Comme vu précédemment, celui-ci passe automatiquement par le desserrement des conditions de crédit tant pour les entreprises (afin de favoriser l’investissement) que pour les particuliers (afin de stimuler la consommation). De plus, elle va vouloir protéger les Etats et les investisseurs institutionnels de risques financiers insurmontables si elle s’obstine dans une politique de taux élevés.
Les conséquences sur le marché immobilier sont évidentes : le pouvoir d’achat immobilier se stabilise voire augmente légèrement (par rapport à aujourd’hui) et il n’est plus nécessaire d’attendre une correction des prix pour que le marché reprenne sa dynamique.
Probabilité selon LMDM : 45%