Comme tous les ans, la fondation Abbé Pierre publie son rapport sur le mal-logement en France et organise dans la foulée un congrès où se pressent toute la classe politique. Le président Macron lui-même était présent cette année pour défendre son bilan en matière de logement. La lecture du rapport nécessitant beaucoup de temps, le document fait 394 pages, nous avons jugé utile de vous rappeler ici les 5 grands chiffres qu’il faut connaitre sur le mal-logement en France.
S’il est difficile de connaitre les chiffres précis en ce domaine, la fondation Abbé Pierre estime qu’au moins 300 000 personnes sont sans domicile fixe sur l’ensemble du territoire national. C’est deux fois plus qu’il y a 10 ans, et cela représente une personne sur 200 qui vivent en France.
Le sans-abrisme est un problème qui ne touche malheureusement pas que la France et le seul exemple de pays qui a réussi à faire diminuer ce chiffre est la Finlande. Pour cela, le pays a mis en place dès 2009 la politique du « logement d’abord » qui pourrait se résumer ainsi : il ne faut pas attendre d’une personne soit réinsérée socialement (travail, amis, etc.) pour lui trouver un logement mais il faut au contraire d’abord lui trouver un logement qui favorisera sa réinsertion dans la société.
Le terme de « mal-logement » a été créé en 1995 par la fondation Abbé Pierre pour rendre compte des difficultés de logement auxquelles étaient confrontées les personnes défavorisées. Il n’était alors pas imaginable que le phénomène prendrait l’ampleur qu’on lui connaît aujourd’hui. Année après année, le mal-logement s’est diversifié dans ses formes et ses manifestations et touche des catégories de personnes de plus en plus larges. Il ne renvoie plus seulement à toutes les personnes sans domicile ou vivant dans des logements inconfortables (comme c’était le cas dans les années 1950) — même si ces situations sont malheureusement toujours très présentes. D’autres problématiques sont apparues au cours des 15 dernières années, sous l’effet de la flambée des coûts du logement et de la précarisation des ressources des ménages (chômage, temps partiels subis, cdd, intérim…) : dans ce contexte, de plus en plus de ménages — y compris parmi les couches intermédiaires et les classes moyennes — sont en difficulté pour accéder à un logement, pour s’y maintenir, ou pour en changer au cours de leur vie. Les cinq dimensions, aujourd’hui constitutives du mal-logement, seront décrites dans cette première partie : l’absence de logement personnel (1), les difficultés d’accès au logement (2), les mauvaises conditions d’habitat (3), les difficultés de maintien dans le logement (4), le blocage de la mobilité résidentielle et « l’assignation à résidence » (5).
Selon ce même rapport paru il y a quelques jours, 22 000 personnes vivent dans un lieu de vie informel (squat, bidonville...). C’est en Outre-Mer que ce problème est de loin le plus prononcé.
L’habitat informel peut prendre différentes formes : des maisons « en dur » (parpaing, briques, etc.), des abris faits de matériaux de récupération (bois, tôle, etc.), etc. Ces constructions peuvent être diffuses et se nicher dans des secteurs urbains (centre-ville de Point-à-Pitre ou de Fort-de-France par exemple) ou ruraux (les Hauts à La Réunion), ou au contraire former d’importants bidonvilles, notamment à Mayotte et en Guyane.
C’est un sujet dont peu de gens parlaient avant les confinements liés à la crise de la Covid-19. Et pourtant, le surpeuplement de certains logements est un problème majeur qui touche plus d’un million de ménage et environ 4,2 millions de personnes. Le « surpeuplement modéré », dont nous parlons ici, correspond à des situations où les ménages habitent un logement dans lequel il manque au moins une pièce par rapport à la norme d’occupation.
Le « surpeuplement accentué », c’est-à-dire des habitations ou il manque au moins 2 pièces, touche lui 218 000 ménages et 934 000 personnes. Un chiffre en hausse de 17% sur 10 ans.
Le nombre de personnes hébergées de manière contrainte chez des tiers est passé de 411 000 en 2002 à 490 000 aujourd’hui. Le nombre de personnes de plus de 25 ans contraintes, après une période de logement autonome, de revenir habiter chez leurs parents ou grands-parents faute de logement autonome, est passé de 282 000 à 338 000 (+ 20 %). Cette hausse traduit la difficulté croissante, en particulier pour les jeunes, d’accéder à un logement à un coût modéré. Davantage locataires du parc privé, célibataires, précaires et résidant dans les petits logements des agglomérations les plus chères, les jeunes ont été logiquement touchés de plein fouet par la hausse des loyers de la décennie 2000. Quant à accéder à la propriété, cette option est devenue de moins en moins envisageable dans les zones chères.